Sur le double thème « S’engager et résister par l’art et la culture » et « 1917-2017, Cent ans de Dépossession » c’est encore, cette année, un temps très fort que nous avons partagé en solidarité avec le peuple palestinien.
Il a commencé par une très belle exposition de la collection photographique de Ahmad Dari, « Palestine de 1880 à 1942 », à la Bibliothèque de l’Université Evry Val d’Essonne et une rencontre, le 30 novembre, avec l’artiste, Palestinien de Jérusalem, qui a expliqué l’histoire de la photographie palestinienne, née et développée très tôt à Jérusalem.
En présence de quelques 260 personnes, parmi lesquelles 9 conseillers municipaux dont la 1ère adjointe au maire d’Evry, le secrétaire départemental des Verts ainsi que Christiane Hessel, il s’est poursuivi à l’initiative d’Evry Palestine, le samedi 2 décembre de 14h30 à 23h, à la Maison Départementale des Syndicats d’Evry où le thème a été décliné en 5 séquences autour d’interventions qui se sont complétées.
Merci aux syndicats FSU 91 et UDCGT 91 qui accueillent les Huit heures depuis 2009, au soutien du Collectif Palestine Essonne et des associations de solidarité présentes à nos Huit Heures
– Palestine, terre d’Histoire, terre d’un peuple : avec les intervention d’ Ahmad Dari qui réaffirme que ses photographies sont là pour prouver que la Palestine n’a jamais été une terre sans peuple et Hussein Madina, jeune archéologue palestinien, dont l’exposé a porté sur l’histoire de l’archéologie palestinienne, la richesses des sites de son pays et les difficultés à exercer ce métier en raison de l’occupation et de la volonté politique israélienne de s’emparer des fouilles pour s’approprier le terrain et souvent détourner le sens des découvertes vers une interprétation « biblique » qui voudrait prouver une présence juive prédominante.
– Après un intermède théâtral autour de poèmes de Mahmoud Darwich, ce fut l’exposé d’Amina Hamshari, co-fondatrice et directrice de l’Institut Culturel Franco Palestinien, sur son travail pour la promotion de l’expression artistique contemporaine palestinienne, riche de sa diversité et de son expression dans une société fragmentée – ceci par le jeune festival néanmoins déjà réputé « Palest’In & Out » qui a débuté à Paris en 2015 et commence à s’exporter à l’étranger. Rendez-vous pour sa 3e édition au Palais de Chaillot en Juin 2018.
– M. Elias Sanbar, ambassadeur de Palestine auprès de l’UNESCO, écrivain, historien et membre du Conseil National Palestinien, nous a exposé ses actions dans cette institution internationale pour la préservation du patrimoine palestinien.
Il nous a parlé d’abord du combat pour que la Palestine soit reconnue comme Etat membre à part entière : cela s’est passé par un « jeu d’écriture » où il a fallu bannir l’appellation « les territoires palestiniens » - qui évoque des entités éparses - pour « le Territoire Palestinien » qui renvoie à l’unicité géographique, à la notion de peuple, de nation et du droit de ce peuple à l’autodétermination.
Territoire et peuple sont des permanences dans l’Histoire, l’occupation, elle, ne sera pas éternelle. Cette reconnaissance met sur un pied d’égalité la Palestine avec tous les autres pays. Et le vote de la France en faveur de l’adhésion de la Palestine a été déterminant car il a entraîné beaucoup de pays dans son sillage.
A partir de là a pu commencer la bataille pour le classement de sites palestiniens les plus fragilisés sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité.
Le péril, en Palestine, c’est l’occupant. La protection, c’est le classement sur la liste des sites car Israël s’est engagé à respecter, en la ratifiant, la charte de l’UNESCO et la Convention de protection du patrimoine mondial.
Si Israël ne respecte pas les résolutions de l’ONU, c’est aussi parce que la Palestine n’y est pas reconnue comme Etat membre. La reconnaissance implique la souveraineté et obtenir cette reconnaissance est une lutte prioritaire qu’il faut poursuivre.
La première victoire a été le classement du village de Battir, au sud de Jérusalem dont le système d’irrigation, qui remonte à la présence romaine, était menacé par la construction du mur de séparation israélien. Il fut sauvé in extremis d’une mutilation certaine.
Puis, à Bethléem, le classement de la Basilique de la Nativité,qu’il fallait protéger de la convoitise coloniale ; puis cet été, ce fut une dure bataille pour obtenir que la vieille ville d’Hébron, d’architecture mamelouk, et le tombeau des Patriarches communs aux 3 religions monothéistes, soient classés et cette bataille a été gagnée.
M. Sanbar se prépare à lancer l’offensive pour d’autres sites : Saint Hilarion dans la bande de Gaza, Naplouse et Jéricho
Il nous a ensuite invités à ne pas enfermer la culture palestinienne dans l’expression traditionnelle de son folklore et son artisanat et à promouvoir absolument la création artistique contemporaine palestinienne, ancrée dans notre temps et meilleure garante de l’intégration de la nation de Palestine dans le paysage mondial.
– Enfin, les interventions sur le thème des Huit Heures se sont terminées par celle du peintre palestinien Shadi Alzaqzouq qui nous a présenté son travail d’artiste profondément impliqué dans les sujets concernant nos sociétés et il nous a évidemment fait partager sa résistance en tant qu’artiste, palestinien, punk, en exil.
– Pour parler de la campagne BDS, une présentation du livre d’Eyal Sivan, réalisateur israélien, « Un boycott légitime » co-écrit avec Armelle Laborie qui explique la nécessité d’un boycott universitaire et culturel.
La dernière séquence de cette journée a été consacrée aux Campagnes de l’AFPS :
– Le Président d’Evry Palestine, Pierre Langlois, a rappelé les points forts de notre campagne « 1917-1947-1967-2017, Cent ans de dépossession » où l’on constate, cartes à l’appui, la poursuite incessante d’un processus colonial qui fait que de la Palestine de 1917 il ne reste que 10% en 2017 concédés aux Palestiniens.
– Nous avons bien sûr, en tant qu’association membre du comité de soutien à Salah Hamouri, insisté sur notre campagne « 100 jours d’incarcération, 100 jours d’injustice, Salah Hamouri doit retrouver la liberté » : 90 cartes postales et 60 signatures envoyées à M. Macron le soir même de notre évènement, lui demandant d’agir fermement pour la libération de Salah dans son échange avec B Netanyahou
– Bertrand Heilbronn, Président de l’Association France Palestine Solidarité, a exposé les 7 priorités nationales de l’AFPS pour l’année 2018 en guise de conclusion.
Nous allons être particulièrement vigilants à la saison France Israël 2018 qui s’annonce.
Le 3 décembre a marqué la fin des « Huit Heures pour la Palestine », par la projection de deux films palestiniens à Corbeil, à l’initiative de L’Olivier AFPS Corbeil-Essonnes dont Jacques Picard, son président, a introduit les séances. Le premier film, « Le Chanteur de Gaza », nous a rappelé l’accueil à Evry de Mohamed Assaf, reçu avec plusieurs autres jeunes par M. Valls en 2003, dans le cadre du jumelage avec le camp de réfugiés de Khan Younis de Gaza ; nous avions tous été ému par la voix de ce jeune chanteur en devenir. Le deuxième film, « On récolte ce que l’on sème », retrace le parcours du réalisateur Alaa Ashkar, Palestinien d’Israël.